Les résultats des entreprises industrielles viennent de confirmer cette perspective optimiste. Volkswagen est le symbole de cette réussite : au premier semestre, son chiffre d'affaires a progressé de plus de 25 % et le groupe a gagné, en six mois, presque autant d'argent qu'en 2010, déjà très florissante. Du coup, même la métallurgie envisage de créer entre 60 000 et 80 000 emplois d'ici à la fin de l'année. Et le taux de chômage baisse alors que la population active augmente.
Les comptes publics sont tenus. Si la dette publique a atteint plus de 83 % du PIB en 2010 (plus qu'en France), le gouvernement s'est engagé à réduire ce taux dès cette année. Grâce à la croissance qui favorise les rentrées fiscales, le déficit public devrait repasser sous la barre des 3 % du PIB dès 2011. Dans une Europe en proie à une croissance atone et une crise financière sans précédent, l'Allemagne constitue donc un exemple irritant pour ses voisins, notamment la France.
Même les Allemands s'interrogent : comment un gouvernement aussi faible et divisé que celui d'Angela Merkel parvient-il à obtenir de tels résultats économiques ? La réponse est à chercher ailleurs : les spectaculaires succès allemands à l'exportation sur lesquels repose une bonne partie de la croissance sont moins dus à Angela Merkel qu'à une tradition industrielle qui, depuis plus d'un siècle, mise sur l'innovation et la qualité. " Nous sommes à la pointe dans les domaines dont le monde a particulièrement besoin : technologies durables, mobilité, infrastructures, efficience énergétique, ", dit Martin Kannegiesser, un des dirigeants de la Fédération de la métallurgie.
Eriger l'Allemagne en modèle pour le reste de l'Europe n'a pas de sens. Tous les pays ne peuvent pas, par définition, tout miser sur les exportations. En outre, l'économie et la société allemandes connaissent de sérieux points de faiblesse, comme la fragilité du secteur bancaire ou la décroissance démographique.
Mais il y a une leçon à tirer de l'Allemagne : il est contre-productif de se voiler la face - en plaidant, par exemple, pour une " démondialisation " - et de faire porter aux autres la responsabilité de ses propres lacunes.
Un bon exemple est le système éducatif. Il y a dix ans, les enquêtes internationales PISA portant sur le niveau des élèves donnaient de mauvais résultats pour la France et de très mauvais résultats pour l'Allemagne. Les Français ont critiqué la méthode ; les Allemands ont réformé leur école secondaire. Aujourd'hui, ce pays est passé devant le nôtre et la qualité de sa main-d'oeuvre constitue l'un de ses principaux atouts.
S'ils ne se privent pas de donner des leçons aux autres Européens, les Allemands sont également capables d'en recevoir.