REFLEXIONS SUITE ET SUR LA JOURNEE ORGANISEE PAR L'ASSOCIATION EDA CE VENDREDI 4 DECEMBRE 2009 AU "NOUVEAU SIECLE" DE LILLE
Précisons, que l'association EDA organisatrice est, elle-même, adhérente et signataire de la charte "Sortir du Nucléaire".
Nous ne pouvons que nous féliciter de l'apparent changement de comportement des acteurs du nucléaire en France. Nous sommes passés, à cause de la catastrophe de Tchernobyl, d'une attitude de négation totale de la possibilité d'un accident très grave à une attitude plus modeste, semble–t-il, d'acceptation de la possibilité d'occurrence d'un accident. La volonté de transparence est bien réelle de la part de l'ASN par exemple.
Oui aux lettres d'inspection de l'ASN publiées, par contre, non à l'absence de publication de la réponse de l'exploitant. Néanmoins plusieurs faits interrogent sur cette réelle volonté. Ainsi CAP21 a interpellé à plusieurs reprises les représentants du complexe nucléaire sur différents sujets. Au lieu de répondre avec franchise sur la situation, on en est resté encore au "tout est sous contrôle" dans différents domaines au lieu de faire le point sur l'acquis existant et les progrès qui restent à accomplir.
Ainsi ce directeur du CNPE de Gravelines qui nie l'existence de problème du à l'extension de la sous-traitance des opérations de maintenance, qui nie l'existence de problèmes quant au suivi dosimétrique et médical des intervenants extérieurs, aux conditions dangereuses d'intervention de ceux-ci sur les zones "chaudes". Mais aussi le problème que posent cet externalisation pour l'encadrement de maintenance titulaire EDF, ainsi le problème de la perte d'expériences posée par le remplacement de l'ancienne génération par la nouvelle pour les opérateurs et la maîtrise. Monique SENE, physicienne bien connue du GSIEN a confirmé la justesse de nos interpellations.
A propos de transparence et de démocratie exemplaires, CAP21 a demandé solennellement ce que pensaient les représentants du complexe nucléaire des actes de malveillance, de viol de fichiers, ou de tentatives d'intimidation commis contre les associations anti-nucléaires. AUCUNE réponse !
D'autres intervenants ont réclamés aussi qu'il y ait de véritables plans d'urgence en rapport avec le transport de matières nucléaires sur le territoire régional.
Curieusement, cette fois-ci aucune explication détaillée n'a été livrée sur les plans de gestion "post-accidentel nucléaire". Dans notre compte-rendu de la journée EDA du 1er octobre, nous avions démontré le côté très irréaliste du dispositif humain, et des procédures envisagées.
Nous maintenons notre inquiétude sur la disponibilité réelle de moyens humains de secours, de contrôle, de filtrage-quadrillage, de moyens de décontamination, de moyens de génie civil et de moyens de surveillance policière. En outre, beaucoup de plans mentionnent encore l'envoi de messages par la voie radio. Or de moins en moins de familles disposent de postes de radio et on ne dispose pas non plus de radio sur son lieu de travail.
La question de la formation des pompiers, des secouristes associatifs à l'intervention en milieu contaminé NBC est très loin d'être réalisée sur le territoire. Les véhicules routiers équipés NBC sont en faible nombre du coté des pompiers ... même si l'armée de terre ou de l'air ont ce type d'équipements, mais avec la disparition d'unités sur le territoire régional, il faudrait acheminer ce matériel de beaucoup plus loin et donc avec un délai substantiel.
Alors, il faut suivre l'initiative courageuse de David TREMELET qui lance, suivant l'exemple alsacien un SAMU de l'environnement dans notre région.
Autre question posée : la nouvelle loi de 2007 oblige à l'existence d'un périmètre de sécurité autour des nouvelles installations nucléaires. Mais cette législation n'étant pas rétroactive, que fait-on pour les habitants, pour le personnel EDF ou autre et pour les maisons qui restent à l'intérieur de ce périmètre théoriquement inconstructible. Les premiers sacrifiés comme à Tchernobyl seraient ces personnes et leurs habitations contaminées et inhabitables pour longtemps.
Je reste résolument, et ceci pour huit raisons essentielles, convaincu qu'il faut sortir du nucléaire. Ces raisons sont :
- Le problème de la sûreté de fonctionnement,
- Les rejets radioactifs des centrales et leurs effets sanitaires,
- La vulnérabilité aux attentats terroristes ou autres actes de malveillance,
- La méconnaissance du vieillissement des réacteur Le problème du devenir des déchets radioactifs à période longue,
- Le coût de l'énergie nucléaire et ses conséquences négatives pour le développement de l'utilisation des sources d'énergie renouvelables
- La contradiction de plus en plus évidente entre les exigences de liberté d'une démocratie moderne et le type de société qu'implique le nucléaire : surveillance, contrôle, "flicage"... en liaison avec sa dangerosité intrinsèque.
En conclusion, le nucléaire est bien une impasse technologique et sociétale et donc ne constitue pas une solution face aux défis climatiques, sanitaires et environnementaux que nous devons affronter.
Le gouvernement actuel, grand VRP du nucléaire dans des pays très peu rassurants, cherche à faire passer dans l'esprit des français le nucléaire pour une source d'énergie verte : peu de CO2, peu coûteux, peu dangereux... Vous y croyez-vous ? M.E.
Le programme et les intervenants du colloque
Le communiqué de Virage Energie à propos de ce colloque
NdlR : Le Groupement de scientifiques pour l'information sur l'énergie nucléaire (GSIEN) est une association antinucléaire française. Il s'est fait notamment remarquer dans les médias après la catastrophe de Tchernobyl.
Le GSIEN a réalisé plus de 120 dossiers scientifiques publiés dans la revue La Gazette Nucléaire. Il a aussi publié plusieurs livres et réalisé de nombreuses interventions devant des organismes officiels ou pour le public, et répondu à de nombreuses demandes de scolaires, journalistes et associations. Le GSIEN a été co-fondé et présidé par Monique Sené.