Le Monde, édition du 18/11/2007 par Nathalie Brafman
Voitures électriques, à pile à combustible, à hydrogène, à énergie solaire, vélos et scooters électriques : plus de 100 véhicules ont été présentés au « Challenge Bibendum »
Pour son neuvième « Challenge Bibendum », le rendez-vous des dernières innovations environnementales en matière de transport, Michelin a choisi Shanghaï pour la deuxième fois en trois ans. Du 14 au 17 novembre, voitures électriques, à pile à combustible, à hydrogène, à énergie solaire, vélos et scooters électriques, soit plus de 100 véhicules, ont été présentés.
Le choix renouvelé de la mégalopole chinoise n'est pas totalement anodin. « Il y a une vraie prise de conscience de la Chine pour les questions environnement ales », veut croire Michel Rollier, le gérant commandité de Michelin. Mais il suffit de se promener dans la cité portuaire pour comprendre que, si tous les habitants de la ville avaient une voiture, l'air y serait encore moins respirable. La voiture n'est cependant pas la seule responsable de la pollution. Ainsi, la majorité des habitants se chauffent encore au charbon.
La municipalité ne reste pas inactive. Elle a classé la réduction de la consommation d'énergie parmi ses priorités et a engagé des mesures : chaque année, elle plafonne le nombre des immatriculations et pratique une politique de prix dissuasifs : une plaque vaut environ la moitié du prix du véhicule !
A quelques mois de l'organisation de ses Jeux olympiques, l'éternelle rivale du Nord, Pékin, veut aussi faire des efforts. Une « frontière » sera ainsi tracée au-delà de laquelle les véhicules devront répondre à des normes antipollution.
En 2002, le parc automobile chinois comptait quelque 20 millions d'automobiles, selon les données du groupe Michelin, en 2010, on en comptera 50 millions et plus de 100 millions en 2020. Les Chinois s'équipent de plus en plus : en 2007, il se sera vendu 4,5 millions de voitures particulières neuves, soit une croissance de plus de 20 % par rapport à 2006. Quant au parc de voitures particulières, il est désormais supérieur à 8 millions. « Aujo urd'hui, le ratio est de 25 véhicules pour 1 000 habitants, si la Chine avait le même qu'en Europe (entre 650 et 700 véhicules pour 1 000 habitants), le nombre de véhicules dans le monde serait multiplié par deux soit environ 1,8 milliard », souligne Wan Gang, le ministre chinois des sciences et de la technologie.
Le pays veut promouvoir de nouveaux modes de transports. Selon M. Gang, tous les Chinois ne pourront posséder une voiture comme en Europe ou aux Etats-Unis. Déjà, des milliers de vélos électriques circulent dans les villes chinoises.
Mais cette prise de conscience de l'environnement est sans doute plus dictée par des raisons d'approvisionnement en énergie que par un pur souci d'écologie. Début juin 2007, la Chine a présenté son premier plan national sur le changement climatique. Le pays s'est engagé à mieux contrôler ses émissions de polluants et à prendre en compte l'évolution du climat dans ses politiques industrielles et énergétiques.
« La Chine est déjà un véritable laboratoire de véhicules électroniques. Nous ne pouvons pas stopper notre développement économique mais il nous faut trouver des ressources énergétiques plus propres et renouvelables. Dans un contexte de pénurie énergétique et de baisse des émissions de C O2, nous avons débloqué un budget considérable pour développer des voitures propres », affirme M. Gang.
« Les solutions sont là », martèle pour sa part M. Rollier. A Shanghaï, Renault a d'ailleurs présenté une Logan très propre émettant 97 grammes de CO2 par kilomètre. « L'augm entation de la consommation automobile aura lieu dans les pays émergents. Nous avons voulu montrer que nous pouvions fabriquer une voiture écologique et aussi économ ique », explique Alice de Brauer, directeur du plan environnement du constructeur français. Si elle était mise sur le marché, cette Logan coûterait environ 9 000 euros. Pour l'instant, Renault va se contenter de mettre des « petits bouts » de cette Logan dans chacun des véhicules de la gamme, ce qui lui permettra de mettre des voitures sur le marché émettant moins de 100 grammes de CO2 au kilomètre.