De nouvelles inquiétudes se font jour en Belgique après des révélations sur le phénomène d'érosion qui touche l'enceinte de confinement du réacteur numéro 2 de la centrale nucléaire de Tihange, en Wallonie. L'épaisse couche de béton armé qui protège le réacteur de la centrale est apparemment victime de carbonatation atmosphérique, un phénomène qui menace sa résistance et met à nu ses armatures en acier.
Selon Electrabel, filiale de GDF-Suez et exploitante du site, les dégradations ont été identifiées il y a plusieurs années et des travaux de réparation sont en cours.
Tentant, samedi 1er septembre, de minimiser les révélations du journal Le Soir, l'entreprise a expliqué qu'un examen mené en 2009 avait indiqué une dégradation de 2 à 4 cm sur l'enceinte, épaisse de 120 cm. Le réacteur dispose d'une double enceinte. La seconde, en béton précontraint, est épaisse de 80 cm, a souligné Electrabel.
La dégradation constatée par l'Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) est toutefois plus importante que celle initialement mise en évidence. Les experts s'inquiètent d'une éventuelle porosité du béton, qui serait attaqué sur une profondeur de 30 cm et dont l'effritement pourrait s'accélérer, faute de mesures adéquates. Electrabel a été invitée à fournir les explications nécessaires, et les résultats de contrôles menés la semaine dernière sont attendus d'ici à quelques jours. Selon un porte-parole d'Electrabel, il faudrait " plusieurs mois ou plusieurs années " pour que la situation s'avère dangereuse.
Ce n'est pas la seule difficulté à laquelle doit faire face l'entreprise. Le réacteur numéro 2 de Tihange a été éteint et vidé de son combustible au début du mois d'août après la découverte de " fissures potentielles " sur la cuve du réacteur numéro 3 de la centrale de Doel, en Flandre. Les cuves de deux unités proviennent du même fournisseur, le néerlandais RDM, qui a équipé une vingtaine de réacteurs nucléaires dans le monde. C'est une révision décennale diligentée en juin par les autorités belges de contrôle qui avait mis en évidence ce risque demeuré apparemment invisible depuis l'ouverture du réacteur numéro 3 de Doel, en 1982.
L'AFCN réclame des explications " convaincantes " et n'exclut pas, dans le " pire des cas ", un arrêt définitif. Les cinq autres réacteurs belges pourraient être contrôlés, même si leurs cuves n'ont pas été fournies par RDM.
Jean-Pierre Stroobants