Rappel des faits : Cette nuit du 1er juillet , vers 3 h, un individu a ouvert le feu avec une arme de guerre à l'entrée de la discothèque le Theatro (ancien Flibustier), à l'entrée de la rue Gambetta, située à proximité de la préfecture. Le bilan est lourd : deux morts et six blessés.
Fusillade à Lille : deux morts, de 25 et 26 ans, et six blessés dans une discothèque rue Gambetta www.lavoixdunord.fr/region/fusillade-a-lille-deux-morts-de-25-et-26-ans-et-six-ia987b0n552876
Masséna-Solférino, le mauvais élève de la vie nocturne lilloise ? www.lavoixdunord.fr/region/massena-solferino-le-mauvais-eleve-de-la-vie-nocturne-jna0b0n554708
Fusillade de Lille : une information judiciaire est ouverte pour assassinats et détention d'arme de guerre www.lavoixdunord.fr/region/fusillade-de-lille-une-information-judiciaire-est-ouverte-ia0b0n553031
La fusillade à l'issue dramatique de ce dimanche 1er Juillet 2012 est la pointe de l'iceberg d'une politique, d'un processus soutenu depuis des années par les lobbys des cafetiers et tenanciers de boites de nuit et la municipalité de Lille.
Certes le délinquant qui a assassiné deux personnes et blessé six autres, n'est pas représentatif du profil habituel (étudiant, fétard lillois ...) de ce type d'établissement de la nuit. N'empèche qu'après avoir pensé à la terrible douleur des familles et des proches des victimes, il est temps de poser des questions de fond.
La politique qui a consisté, depuis plusieurs années, à transformer la ville de Lille, dans plusieurs de ses quartiers, en ville festive doit être critiquée, même si cela déplait fortement à l'équipe municipale et à son maire.
Elle conduit de très nombreux habitants riverains des micro-quartiers des Halles, des rues Solférino-Masséna, Stations, Colbert, Vauban ... à avoir une vie très difficile. Leur sommeil est régulièrement gêné ou interrompu à n'importe quelle heure de la nuit par des passants alcoolisés qui vocifèrent, chantent ou discutent à très forte voix. Ces mêmes habitants déplorent régulièrement des incivilités qui, à force de répétition, deviennent de plus en plus difficiles à supporter : poubelles renversées, poubelles quelquefois même brulées ou éventrées, bagarres nocturnes, vociférations diverses, vomissures, urine contre les murs ou sur les portails des immeubles, voitures garées collées contre les habitations ou édifices sur les trottoirs pouvant provoquer des incendies, etc...
La conséquence de toutes ces nuisances est qu'une partie de la population de la ville de Lille vit mal, vit stressé, vit angoissé et voit sa santé progressivement se dégrader. N'oublions pas non plus que le fait de prendre la route en ayant auparavant mal dormi peut être la cause d'un accident grave.
En final, n'en pouvant plus, certains habitants, qui en ont les moyens, prennent la décision de quitter les quartiers festifs. Les bailleurs ont suite à cela du mal à retrouver des occupants. Et c'est comme cela, conséquence de cette vie nocturne trop pénible, devenue insupportable que les premiers étages, et au-dela, de nombreux immeubles de ces quartiers se retrouvent inoccupés... alors qu'il y a tant de problèmes de manque de logement à Lille et dans la métropole.
Quelle est donc la cohérence avec la politique du "Nouvel art de ville" ou celle du "Care" (prendre soin des autres) défendue par Martine Aubry et son équipe municipale ?
En conclusion, plusieurs réflexions :
1) Il est temps de changer de politique et de changer la physionomie de ces quartiers pour revenir à une occupation plus équilibrée des lieux comme cela a pu d'ailleurs être le cas dans le passé. Nous avons besoin de moins de bars, boites de nuit et plus de commerces et d'artisans de proximité : on manque de bouchers, de charcutiers, de libraires, de marchands de journaux, de disquaires, d'épiceries, de marchants de jouets ou de layette, de services de proximité, etc... Une politique d'urbanisme commercial et d'habitat plus équilibrée, plus "durable" doit être menée.
2) Il est temps que les responsables des facultés, instituts et écoles de la Catho, des universités publiques et des lycées publics et privés accentuent leurs engagements et leurs actions pour prévenir au mieux l'alcoolisation (et l'addiction au tabac et aux différentes drogues) des jeunes. Il y a mieux à faire pour le développement personnel de nos étudiants ou lycéens que de favoriser leur alcoolisation. A force de céder aux gémissements divers des parents d'élèves, on a diminué les volumes horaires d'enseignement et la charge de travail personnel à faire à la maison. Conséquence de ces mesures, un temps libre considérable a été attribué aux étudiants ; ce temps est hélas souvent consacré à trainer dans les rues, dans les bars, dans les boites et à boire (et fumer) de manière excessive. Ajoutons que c'est bien sûr ceux qui ont le plus de difficultés scolaires qui se mettent le plus eux-mêmes en danger par ce biais.
3) Il est temps que le citoyen habitant ces quartiers soit défendu dans ses droits : droit au sommeil, droit à la tranquilité et à la sécurité ce qui est de la responsabilité de l'Etat (le préfet, la police nationale, les tribunaux...) et de la municipalité (la police municipale, la politique d'urbanisme, de voirie, l'aménagement commercial ...).