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Corinne Lepage présente sa campagne présidentielle et ses propositions sur le site www.corinnelepage.fr et a créé aussi le site "à vos droits citoyens" avec 10 propositions mises en débat pour renouveler notre constitution et donc le fonctionnement de notre démocratie www.avosdroitscitoyens.fr

Le site sur les gaz non conventionnels et les risques liés à leur exploitation créé par CAP21 : http://deleaudanslegaz.com

3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 10:11

ATD Quart Monde

Les idées fausses ça suffit !

Nous vous invitons à déconstruire des préjugés et des stéréotypes répandus sur la pauvreté et les pauvres, afin que ceux-ci cessent d’être les boucs émissaires des maux de nos sociétés et qu’ils deviennent au contraire des partenaires à part entière dans la construction d’un monde plus juste.

Voici quelques-unes de ces idées reçues. Diffusez-les autour de vous, réagissez, participez au débat.

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1) Sur la pauvreté, les revenus et les patrimoines

« La pauvreté a diminué en France entre 2006 et 2009 »

Faux. Le gouvernement a publié le 19 octobre 2011 son rapport sur l’évolution de la pauvreté en France, qui conclut effectivement à une baisse de 5% du nombre de personnes sous le seuil de pauvreté entre 2007 et 2009. Mais cette diminution de 5% concerne le taux de pauvreté « ancré dans le temps », contesté par de nombreux experts et associations de lutte contre la pauvreté (voir www.uncitoyenencampagne.com/ ?p=120).
Tous les indicateurs de l’INSEE montrent au contraire que la pauvreté et son intensité se sont aggravées entre 2006 et 2009 (on n’a pas d’indicateurs plus récents) :
- le taux de pauvreté à 60% du revenu médian est passé de 13,1% en 2006 à 13,5% en 2009, soit 8,2 millions de personnes,
- entre 2000 et 2008, le nombre de personnes sous le seuil de 40% du revenu médian est passé de 2,7 à 3,2 millions (et pas de chiffre en 2009 ! pourquoi ?).
Sources : voir en particulier www.insee.fr/fr/themes/document.asp ?ref_id=ip1365

À savoir : on parle souvent des inégalités de revenus, mais c’est surtout au niveau des patrimoines et donc au moment des héritages que les inégalités se creusent : les 10% des ménages les moins aisés détiennent moins de 2 700 euros de patrimoine brut (avant remboursement des emprunts). Les 10% les mieux dotés disposent d’un patrimoine supérieur à 552 300 euros. Soit un rapport de 1 à 205, qui a crû de près d’un tiers depuis 2004. Un écart bien plus important que celui relatif aux revenus, qui était en 2009 de 4,2 entre les 10% les plus modestes et les 10% les plus riches. Source : www.insee.fr/fr/themes/docum…

2) Sur les minima sociaux

2-1) « La France distribue des minima sociaux élevés. »

Faux. La France est dans la moyenne européenne. En France, le montant des minima sociaux pour une famille de deux enfants s’élève à 72% du seuil de pauvreté à 60% du revenu médian, alors qu’il est en moyenne de 76% dans l’Union Européenne (source OCDE, cité dans la revue Études et résultats de la DRESS du ministère de l’Emploi, n°464, février 2006)
Par ailleurs, le montant des minima sociaux (RSA, AAH) ne connaît pas la même progression que l’ensemble des revenus. En 1988, le Revenu Minimum d’Insertion équivalait à 50% du SMIC. En 2012, le RSA socle est à 42% : soit 474,93 € pour une personne seule.

2-2) « Il n’y a pas assez d’argent dans les caisses pour augmenter les minima sociaux »

Faux. D’une part, la moitié seulement des 7,5 milliards € prévus pour le RSA sont effectivement dépensés, à cause des non-recours (voir 2-4). D’autre part, il est possible de prendre des mesures (en particulier de plus grande justice fiscale) afin d’accroître les recettes de l’État et des collectivités territoriales.

2-3) « Les pauvres font des enfants pour toucher des aides et des allocations. »

Faux. Ce n’est pas avec les allocations qu’on peut vivre dignement en famille ; une famille proche du seuil de pauvreté s’appauvrit encore plus lorsqu’elle s’agrandit. Démonstration pour une famille de deux enfants. Le seuil de pauvreté est pour elle de 954 € (seuil de pauvreté à 60% du revenu médian) x (1+0,5+0,3+0,3)= 2003 € mensuels. Disons que cette famille a 2100 € de revenus (y compris allocations familiales). Elle se situe juste au-dessus du seuil de pauvreté. Si un nouvel enfant survient, son seuil de pauvreté deviendra 954 € x (1+0,5+0,3+0,3+0,3) = 2290 €. Ses revenus seront augmentés de 161 € d’allocations familiales, soit 2261 €. Elle passera alors sous le seuil de pauvreté. Pour tout nouvel enfant, le revenu de la famille (en l’absence d’autre variation de revenu) s’élèvera de 161 € d’allocations familiales, et son seuil de pauvreté s’élèvera de 0,3x954 € soit 286 €. C’est ainsi que l’on décourage les familles pauvres d’avoir des enfants…

2-4) « Les gens font tout pour toucher le maximum d’aides »

Faux. La moitié des personnes éligibles au RSA n’en fait pas la demande (source Odenore http://bit.ly/zfPwiI). Voir aussi 6-4) pour les taux de non-recours aux prestations sociales. Les raisons : la volonté de ne pas dépendre de l’aide publique, la complexité des démarches, le manque d’information, le souhait de ne pas être contrôlé…

2-5) « Les pauvres demandent tous des droits, mais ça va avec des devoirs »

Tout à fait. Mais la société doit aussi engager des moyens suffisants pour que son devoir de soutenir les personnes en difficulté ne consiste pas uniquement en du contrôle, mais se traduise en un accompagnement réel. Or « Le suivi des allocataires du RSA paraît s’être dégradé, puisque, pour les seuls allocataires du RSA socle, ils sont un tiers à avoir signé un CER (contrat d’engagement réciproque) alors que près de la moitié de ceux qui touchaient le RMI avaient à l’époque un contrat d’insertion. » (source Odenore, http://bit.ly/zfPwiI).
Pour ce qui est de l’accompagnement des chercheurs d’emploi, il n’est pas à la mesure des besoins. Le nombre moyen de demandeurs d’emploi suivis par conseiller de Pôle Emploi était de 85 fin 2008, 95 en 2009, puis 105,8 fin décembre 2010. Le Sénat et le Conseil Économique Social et Environnemental estiment qu’il faudrait se rapprocher de la cible de soixante demandeurs d’emploi par conseiller (Source : rapport du Sénat sur Pôle emploi, juillet 2011, téléchargeable sur www.senat.fr/rap/r10-713-1/r…)

2-6) « On peut s’en sortir mieux au RSA qu’avec le SMIC »

« Un couple qui est au RSA, en cumulant les différents systèmes de minima sociaux, peut gagner plus qu’un couple dans lequel il y a une personne qui travaille au SMIC » a déclaré le ministre Laurent Wauquiez le 8 mai 2011. Cette affirmation est fausse. Exemple d’un couple locataire en Île-de-France :

 

Ressources mensuelles (y compris APL) pour un couple sans emploi ni allocations chômage (RSA Socle)

Ressources mensuelles (y compris APL) pour un couple avec un SMIC à 1000€ mensuel net (+ RSA activité)

Sans enfant avec aide au logement (APL)

598(RSA)+360(APL)=958€

+ droit à la CMUC

1000+200(APL)+218(RSA activité) = 1418€

pas de droit à la CMUC

Sans enfant et sans APL

712€

+ droit à la CMUC

1000+332(RSA activité) = 1332€

pas de droit à la CMUC

Avec deux enfants et APL et Allocations familiales=126€

859+470(APL) = 1329€

+ droit à la CMUC

1000+390(APL)+126(AF)+350(RSA activité) = 1866€

+ droit à la CMUC

Avec deux enfants et sans APL. AF=126€

997€

+ droit à la CMUC

1000+126+491(RSA activité) = 1617€

+ droit à la CMUC

NB :
- Les simulations d’APL ont été effectuées sur le site www.caf.fr pour un loyer de 700€ à Paris.
- RSA activité = Montant forfaitaire RSA + 62% des revenus d’activité du foyer – Ressources du foyer – Forfait d’aide au logement (voir http://bit.ly/yB2UJy). Pour notre premier calcul, cela donne 712+(1000x62%)-1000-114=218€. Note : 114€ est le forfait à déduire en 2012 pour une famille de deux personnes bénéficiant d’une aide au logement. Pour la situation avec deux enfants, cela donne 997+(1000x62%)-1000-126-141=350€. Note : 141€ est le forfait à déduire en 2012 pour une famille de trois personnes et plus bénéficiant d’une aide au logement.
- Le RSA socle comprend les allocations familiales.
- Pour avoir accès à la CMUC (Couverture Maladie Universelle Complémentaire), les revenus mensuels doivent être inférieurs à 971€ pour une famille de deux personnes et 1360€ pour 4 personnes. Sont inclus dans ce calcul les revenus de la famille (hors RSA mais y compris allocations familiales) et un forfait logement pour les locataires bénéficiant d’une aide au logement : 114€ mensuels pour une famille de deux personnes en 2012 et 141€ pour plus de trois personnes (sources : www.cmu.fr/site/cmu.php4 ?Id=17 et www.cmu.fr/userdocs/232-2-20…).

Deux commentaires :
- effectuer ces calculs est un véritable parcours du combattant, et plusieurs témoignages nous montrent qu’il y a parfois des écarts entre la théorie et la réalité. Comment une famille aux revenus modestes peut-elle prévoir ses revenus sur les mois à venir ?
- Nous n’avons pas pris en compte des dépenses de garde d’enfant ou de services essentiels (transport, gaz, électricité…) qui peuvent être différentes entre une famille percevant un SMIC et une famille percevant le RSA socle.

3) Sur le budget des familles

« Le pouvoir d’achat moyen des Français a augmenté entre 2007 et 2010 »

Vrai et faux. Le pouvoir d’achat global au niveau de la France a légèrement augmenté. Mais, compte tenu de l’augmentation de la population, le « pouvoir d’achat du revenu arbitrable » (une fois que les dépenses obligées – loyer, assurance, électricité… - ont été payées) par personne a baissé de 0,1% entre 2008 et 2010 (source INSEE http://bit.ly/yVkn0T).
Par ailleurs, pour les revenus les plus modestes, la situation est plus grave. Par exemple, de 1992 à 2006, les dépenses incompressibles dans leur budget sont passées de 52 à 74%. Selon le Secours catholique (Message, février 2011) : « se chauffer devient un luxe pour des millions de personnes », 3,4 millions de personnes subissent la précarité énergétique, les demandes d’aide au chauffage ont augmenté de 50% entre 2008 et 2009 au Secours Catholique.
Le prix du gaz a augmenté de 50% en 5 ans ; les loyers depuis 2000 : + 30%. ; électricité : + 6% en un an ; carburants : + 15% en un an (source rapport de la CLCV, octobre 2011).
Voir aussi le dossier annuel 2011 de la MRIE Rhônes-Alpes, sur http://bit.ly/wjG2to

4) Sur le travail, le chômage et la retraite

« Les pauvres ne veulent pas travailler. »

Faux. Les études convergent : 64% des chômeurs interrogés dans huit pays européens déclarent qu’ils veulent retrouver un emploi, même si cela ne leur procure pas un gain financier, alors que seuls 48% des personnes déjà en emploi déclarent vouloir conserver leur travail dans une telle situation (source : étude coordonnée par Duncan Gallie en 1999, citée par Jean Gadrey, http://bit.ly/wYVO4W).
L’enquête « L’influence des incitations financières sur le retour à l’emploi des bénéficiaires de minima sociaux » menée en 2009 par la Direction Générale du Trésor montre bien que la valeur accordée au travail et la volonté d’assurer le meilleur avenir possible aux siens conduisent la plupart des bénéficiaires à accepter la reprise d’un emploi, même sans gain financier immédiat (http://bit.ly/ADZjZG). Les principaux freins évoqués pour la reprise d’un travail sont le manque d’emplois, de moyens de transport, de formations adaptées, de modes de garde accessibles, etc.

« Il y a des pauvres qui veulent s’en sortir et d’autres qui ne veulent pas. »

Faux. Personne n’accepte de vivre dans la misère. La distinction entre « bons pauvres » et « mauvais pauvres » traverse toute l’histoire de la pauvreté (cf. les ouvrages de Paul Christophe sur le sujet). Cette distinction est surtout le reflet de l’impuissance de l’action publique ou de son manque de volonté de s’attaquer vraiment à la pauvreté. Faute de quoi, on s’attaque aux pauvres : c’est plus facile.

« Les bénéficiaires du RSA ne font pas d’efforts réels pour chercher du travail. »

Faux. La plupart des bénéficiaires du RSA ont l’obligation de chercher un emploi, sous peine de diminution ou suspension de l’allocation.

« Si on veut vraiment travailler, on trouve. »

Faux. Dans l’état actuel du marché de l’emploi (entre trois et cinq millions de chômeurs en France en 2012, selon la catégorie que l’on considère), tout le monde ne parvient pas à trouver du travail. De plus, certaines personnes restées depuis longtemps sans travail ont besoin d’être particulièrement soutenues pour revenir à l’emploi.

Quelques chiffres

- Le chômage coûte chaque mois 2,2 milliards d’euros à l’Unedic (source rapport du Sénat (juillet 2011) sur Pôle emploi, téléchargeable sur www.senat.fr/rap/r10-713-1/r…),
- les plus pauvres cotisent comme les autres pour leur retraite, mais perçoivent moins de retraite dans la mesure où leur espérance de vie est moins importante (voir 6)),
- Taux de chômage chez les 16-25 ans : 8,7% chez les bac+2, et 35% chez les non-diplômés (voir Voir http://www.cerc.gouv.fr/rapports/ra…, page 36-37). Le taux de chômage des 15-29 ans est en 2009 de 29,5% en zone urbaine sensible et de 16,9% en moyenne nationale (source DARES, Analyses, octobre 2010, n°072).

5) Sur le logement

« La construction de logements sociaux se développe à un rythme suffisant en France. »

Faux. Le niveau de la production a progressé régulièrement jusqu’en 2007 mais s’est effondré depuis : seulement 333 000 logements ont été commencés en 2009 (contre 435 000 en 2007), ce qui met à mal les objectifs du DALO. On estime que le niveau de déficit va atteindre le million de logements. De plus, la progression des logements sociaux tient surtout à l’augmentation de logements accessibles seulement aux classes moyennes (nombre de logements PLS multiplié par 10 entre 2000 et 2010) alors que les logements accessibles aux familles les plus modestes augmentent bien plus faiblement : le nombre de PLAI a été multiplié par 2 sur la même période (rapport Mal logement 2011 de la Fondation Abbé Pierre).

« Les logements sociaux devraient être attribués en priorité aux gens qui travaillent. »

Faux. L’impératif de solidarité nationale exige que chacun, qu’il ait ou non un emploi, puisse disposer d’un logement adapté à ses ressources. Le droit à un logement digne est reconnu pour tous les citoyens en France. De fait, on constate malheureusement aujourd’hui que les personnes possédant un emploi accèdent en priorité aux logements sociaux.

« En période de restriction budgétaire, il est normal que l’État réduise l’aide au logement social. »

Faux. C’est la réalité mais c’est un mauvais calcul. Tout d’abord parce, en contrepartie, "l’ensemble des crédits que l’État consacre à la politique d’hébergement peut être estimé à 1,5 milliard d’euros" chaque année (source Cour des comptes, http://bit.ly/wWR0ZY).
Par ailleurs, l’absence de logement stable provoque pour une famille des ruptures durables dans l’emploi, la santé, la scolarité… qui auront des conséquences et des coûts élevés pour la collectivité.

6) Sur la Sécurité sociale et la santé

6-1) « Les pauvres sont des fraudeurs. »

Faux. La fraude aux prestations sociales est évaluée à environ 3 Milliards € et concernerait 1% des particuliers (source Cour des comptes, http://bit.ly/pszAmR). 90% de ces 3 Milliards sont récupérés.
La CNAF estime le taux de fraude à 0,46% pour les prestations familiales, 3,1% pour l’API (Allocation Parent Isolé), 3,6% pour le RMI-RSA (source : AFP, 29 avril 2010).
À comparer avec :
- la fraude aux prélèvements sociaux, évaluée à entre 8 et 12 Milliards € et concernerait 10% des entreprises (source Conseil des prélèvements obligatoires en 2007)
- la fraude fiscale en France, évaluée à entre 20 et 25 Milliards € par le Conseil des prélèvements obligatoires en 2007, ou 30 Milliards € par la Direction du Budget, ou encore 50 Milliards € par la Commission Européenne.

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Jean-François Chadelat, directeur du Fonds CMU, démonte des idées fausses sur la CMU

6-2) « Les bénéficiaires de la CMU en profitent pour faire des soins de confort dont ils n’ont pas vraiment besoin »

Faux. La CMU est très restrictive.

6-3) « Grâce aux bons CAF, les enfants des familles défavorisées ont un accès normal à la culture, au sport, etc. »

Oui et non. Ces aides sont appréciables, mais elles nécessitent un financement complémentaire plus ou moins important par les familles. Et il faut anticiper les besoins pour faire les demandes à temps.

6-4) « Grâce à la CMU, à la CMUC et à l’ACS, tout le monde bénéficie d’une protection santé satisfaisante. »

Faux. En 2008, 1,5 million de personnes sur les 6 millions de bénéficiaires potentiels ne disposaient pas de la CMU (couverture maladie universelle). Au 31 décembre 2010, une étude du Fonds CMU estimait que le nombre de personnes n’ayant pas recours à la CMU-C (couverture maladie universelle complémentaire) était de plus de 20%. Pour l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé (ACS), le taux de non-recours est 80%. Par ailleurs, en 2008, 22 % des bénéficiaires de la CMU-C déclaraient avoir renoncé à certains soins pour des raisons financières au cours des 12 derniers mois (source : Boisguérin, Després, Dourgnon, Fantin, Legal, 2010, Étudier l’accès aux soins des assurés CMU-C, une approche par le renoncement aux soins, In Santé, soins et protection sociale en 2008. Paris : IRDES, 2010/06, 31-40).

6-5) « Pour ce qui est de l’espérance de vie en France aujourd’hui, nous sommes relativement égaux. »

Faux. À la fin des années 1990, un ouvrier ayant 35 ans vivra encore en moyenne 39 ans, un cadre 46 ans et un chômeur 28 ans. Ces inégalités d’espérance de vie sont croissantes en France (source : Monteil C., Robert-Bobée I., 2005, Les différences sociales de mortalité : en augmentation chez les hommes, stables chez les femmes, INSEE Première, 1025).

7) Sur le placement des enfants

« Les enfants placés ont la chance de connaître une vie meilleure et de découvrir un autre milieu que le leur. »

Faux. Pour un grand nombre d’enfants et de parents, le placement est une solution qui crée des ruptures profondes alors qu’il pourrait souvent être évité. "Une personne sans domicile sur cinq a dû quitter le domicile de ses parents avant l’âge de 16 ans - proportion six fois plus élevée que dans le reste de la population" (source www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc…)

« Si on place les enfants, c’est à cause de la maltraitance. »

Faux. Les causes du placement d’un enfant d’une famille pauvre tiennent souvent aux conditions d’accès de la famille au logement, à la santé, etc. Des difficultés pourraient dans de nombreux cas être résolues par un soutien à la famille qui coûterait par ailleurs moins cher que la solution du placement. « Six milliards d’euros sont dépensés chaque année de façon empirique, sans que l’on cherche à contrôler les acteurs de la protection de l’enfance, ni à connaître l’efficacité de ces interventions » (rapport « La protection de l’enfance » de la Cour des comptes, octobre 2009).

8) Sur la fiscalité et les impôts

« Les pauvres ne paient pas d’impôts »

Faux. Le taux moyen d’imposition (impôts directs et indirects) des 10% les moins riches est d’environ 40%, celui des 0,1% les plus riches d’environ 37%, et celui des revenus moyens de 45 à 48% (source : calculs effectués par les économistes Saez, Landais et Piketty à partir des données INSEE). NB : pour les plus hauts revenus, les taux réels d’imposition sont souvent très inférieurs aux taux affichés, à cause des niches fiscales. Grâce à elles, une partie des plus hauts revenus échappe à une part de l’imposition.

« Les plus pauvres peuvent se faire exonérer de charges et d’impôts »

Oui, mais il faut effectuer beaucoup de démarches avant d’obtenir ces exonérations et il faut les renouveler régulièrement.

9) Sur l’immigration

9-1) « L’immigration augmente d’année en année en France » Faux. http://www.insee.fr/fr/themes/table…

9-2) « Si on renvoyait les étrangers [1] dans leur pays, il y aurait moins de chômage en France » ou « Les étrangers prennent des emplois aux Français » ou « Ce sont les étrangers qui creusent le trou de la Sécurité sociale »

Faux. Globalement, la présence des populations de nationalité étrangère en France crée de la richesse et donc de l’emploi, grâce à l’apport de consommation, d’impôts et de cotisations (voir 9-6)). Les étrangers sont aussi consommateurs, ils créent une demande supplémentaire et des emplois. Les études montrent que les migrants arrivant créent leurs propres emplois. « En imaginant une augmentation de 10% du flux d’immigration au Royaume-Uni en 2007, le taux de chômage n’augmenterait alors que de 0,01 point au bout de 13 ans. » (http://dailleursnoussommesdici.org/…).

9-3) « La France est un des pays d’Europe qui accueille le plus d’immigrés »

Faux. « Avec un taux d’accroissement naturel de 4 pour 1000 et un taux d’accroissement migratoire de 1 pour 1000, la France est le pays d’Europe dont la croissance démographique annuelle dépend le moins de l’immigration » (tableau 2 page 2 du document « Cinq idées reçues sur l’immigration », source INED pour l’année 2001). En 2010, la part des personnes immigrées sur la population totale s’élevait à : Autriche (16 %), Suède (14 %), Espagne (14 %), États-Unis (13 %), Allemagne (13 %), France (11 %) [2], Pays-Bas (10 %), Royaume-Uni (10 %), Belgique (9 %), Italie (7 %) (source INED, http://bit.ly/hK5Qrp).

9-4) « Les familles immigrées font beaucoup plus d’enfants que les familles françaises natives »

Pas tant que cela. « Dans la période 1991-1998, le nombre moyen d’enfants par femme était de 1,65 pour les seules françaises natives. Les femmes immigrées avaient en moyenne 2,2 enfants (source document « Cinq idées reçues sur l’immigration », INED, 2004)

9-5) « La France accueille toute la misère du monde » (sous-entendu : « Ce sont les populations les plus pauvres qui immigrent en France »)

Faux. « Dans l’ensemble, les migrants représentent par rapport aux non-migrants de la société d’origine une population sélectionnée : en meilleure santé, plus instruite, plus entreprenante, dotée d’un minimum de ressources » (source document « Cinq idées reçues sur l’immigration », INED, 2004). La part des immigrés diplômés de l’enseignement supérieur est passée de 12 à 25% entre 1990 et 2007. La moyenne nationale est de 29% (Insee et http://dailleursnoussommesdici.org/…).

9-6) « L’immigration coûte 48 milliard d’euros à la France en prestations sociales »

Vrai. Mais elle rapporte 60 milliards d’euros en impôts et cotisations sociales chaque année (source ministère de la Santé et des affaires sociales et étude de l’université de Lille-II de juillet 2010, voir http://dailleursnoussommesdici.org/…). La population immigrée est en moyenne plus jeune et en bonne santé que les autres habitants de la France. Or dans les prestations sociales la maladie pèse 47% et la retraite 31% (les autres dépenses étant les allocations chômage, le RSA, les allocations logement et les allocations familiales). La population immigrée est donc une chance pour aider au paiement des retraites.
En moyenne, la contribution nette de chaque immigré (différence entre ce qu’il verse et ce qu’il reçoit en impôts et cotisations sociales) est de l’ordre de 1500 € par an.
Voir "Migrations et protection sociale : étude sur les liens et les impacts de court et long terme" (ministère de l’Emploi, 2010, http://bit.ly/wo0Jxt), ainsi que www.telos-eu.com/fr/article/… ("En l’absence de l’immigration, le besoin de financement de la protection sociale en France augmenterait de 2 points de Produit Intérieur Brut (PIB)".
Bien sûr, l’apport de l’immigration à notre pays ne se limite pas à cet aspect comptable. Il est aussi et surtout humain, culturel, scientifique, artistique, etc.

9-7) « Les étrangers peuvent profiter facilement des minima sociaux. »

Faux. Il faut être en possession d’un titre de séjour et d’une carte de travail depuis au moins cinq ans pour bénéficier du RSA si on est natif d’un pays extérieur à l’Union européenne.

9-8) « Les étrangers augmentent la délinquance »

Faux. 12,7% du nombre de condamnés sont étrangers (source : ministère de la Justice), alors qu’ils représentent environ 8% de la population de la France (voir 9-3)). L’écart n’est pas si important que veulent le faire croire certains hommes politiques.

10) Sur l’école

« Ce n’est pas à l’école de régler tous les problèmes de la société »

Vrai et faux. La loi d’orientation sur l’école de 2005 dit : « La scolarité obligatoire doit au moins garantir à chaque élève les moyens nécessaires à l’acquisition d’un socle commun constitué d’un ensemble de connaissances et de compétences qu’il est indispensable de maîtriser pour accomplir avec succès sa scolarité, poursuivre sa formation, construire son avenir personnel et professionnel et réussir sa vie en société. » Cela dit bien que le rôle de l’école n’est pas seulement de transmettre des connaissances, mais aussi de permettre aux élèves de se construire des compétences, dont celle de pouvoir vivre avec d’autres différents de soi.
Elle doit aussi permettre à tous d’acquérir ces connaissances et compétences. Mais on constate qu’elle peine à atteindre ces objectifs et à réduire les inégalités sociales, dans la mesure où l’échec et la réussite scolaire sont de plus en plus liés à l’origine sociale. En réalité, le fonctionnement actuel de l’École en France vise aussi un objectif non déclaré : sélectionner les meilleurs élèves qui s’orienteront ensuite vers des études supérieures et les postes de responsabilité.

« Dans les familles pauvres, les parents sont démissionnaires et se désintéressent de l’école »

Faux. Les parents défavorisés ont souvent peur de l’école car ils sont marqués par leur échec d’enfant. Par ailleurs, 80% des mères non-diplômées s’estiment dépassées pour aider leurs enfants dans leurs études au collège, contre 26% seulement des mères diplômées de l’enseignement supérieur (source INSEE, « L’aide aux devoirs apportée par les parents », 2004).
Mais le lien entre pauvreté et échec scolaire n’est pas fatal : il est moins élevé dans la plupart des autres pays développés qu’en France, et très faible dans des pays comme le Canada, la Finlande, le Japon ou la Chine (source étude PISA).

« Heureusement que l’école est là pour corriger certaines inégalités sociales ! »

Faux. En France, l’impact du milieu social sur la réussite ou l’échec scolaire est plus grand que dans beaucoup d’autres pays, et il grandit au fil des années. En 2009, plus de 75% des élèves dont les parents sont cadres ou professions intellectuelles ont obtenu le bac général, contre 33% pour les enfants d’ouvriers et 41% des enfants d’inactifs (rapport CESE sur les inégalités à l’école) ; le pourcentage de variation de performance des élèves, en lecture expliqué par le milieu socio économique est de 17% pour la France bien au dessus de la moyenne de l’OCDE (14%), le double de la Finlande du Canada ou du Japon (rapport CESE).

« Si les enfants pauvres réussissent moins bien à l’école, c’est qu’ils ne travaillent pas »

Faux. Les causes sont plus complexes que cela. Par exemple, « le niveau de diplôme des parents (particulièrement celui de la mère) et, de manière plus globale, les possibilités d’encadrement de la scolarité par les familles revêtent une importance au moins aussi grande que leur situation socio-économique » (rapport CESE).

« Les enfants d’immigrés sont plus en échec scolaire que les autres. »

Faux. C’est la pauvreté qui la plus grande cause d’échec scolaire et non pas l’immigration. À niveau social égal, les descendants d’immigrés ne sont pas en moyennes plus touchés par l’échec scolaire que le reste de la population (CESE).

« La mixité sociale dans les écoles nuit à la réussite scolaire. »

Faux. Lorsque l’on met en oeuvre une pédagogie adaptée, les résultats scolaires de tous s’améliorent, comme le montrent les expériences de plusieurs établissements scolaires (voir l’exemple des écoles Anne Frank et Hélène Boucher à Mons-en-Baroeul, celui du collège La Durantière à Nantes – Feuille de route sept/oct. 2011 –, celui du collège Évariste-Galois à Nanterre – Feuille de route novembre 2011 –, etc.).
Par ailleurs, l’école ne doit-elle pas préparer les enfants et les jeunes à vivre ensemble dans le respect des différences ?

11) Sur les Roms

« Les Roms ne veulent pas travailler. »

Faux. C’est le contraire : tout est fait en France pour que les Roms de Roumanie et de Bulgarie n’aient pas le droit de travailler : une « période transitoire » les empêche d’avoir les mêmes droits que les autres européens avant fin 2013. Pour travailler, ils doivent disposer d’une autorisation de travail. Les délais d’obtention sont de 3 à 6 mois à partir d’une promesse d’embauche à temps plein. Le plus souvent, l’employeur (qui doit en plus payer la taxe dûe à l’OFII – Office Français pour l’Immigration et l’Intégration – pour l’embauche d’un étranger) ne peut attendre la réponse et embauche quelqu’un d’autre.
Le 26 octobre 2009, la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE) a demandé au gouvernement qu’il mette fin à cette période transitoire, ainsi que la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH), dans un avis adopté le 22 mars 2012.

Travail réalisé par ATD Quart Monde et la MRIE, Mission Régionale d’Information sur l’Exclusion en Rhône-Alpes.

 Ce document est téléchargeable ici www.atd-quartmonde.fr/IMG/pdf/4pagesIdeesrecues.pdf

1] Dans la définition de l’ONU, un immigré est une personne née en dehors du territoire concerné. Cela inclut donc les Français nés à l’étranger. En réalité, dans le sens commun adopté par l’INSEE, un immigré est une personne née étrangère à l’étranger.

[2] En incluant les Français nés à l’étranger, comme l’ONU le préconise dans ses calculs. La part des immigrés de nationalité étrangère s’élève à 8% (chiffre présenté par l’INSEE).

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20 janvier 2012 5 20 /01 /janvier /2012 07:07

Alors que le Président de la République convoque un sommet social à trois mois de l’élection présidentielle, CAP21, parti écologiste fondé par Corinne Lepage, s’inquiète des mesures que le chef de l’Etat pourrait annoncer et imposer comme la TVA sociale ou la possibilité pour les entreprises de signer des accords de flexibilisation du travail en fonction de la conjoncture économique.

Avec ce projet de TVA sociale préparé à la hâte, le gouvernement mise sur un boom des exportations et l’anti-délocalisation. Pourtant, l’avantage compétitif sera faible pour les produits « made in France » . Les ménages les plus modestes et classes moyennes seront les premiers pénalisés, en particulier les retraités, les chômeurs et les fonctionnaires qui n'auront pas de compensation salariale provoquant le risque d'amplifier la crise par une baisse de la consommation. Cette nouvelle disposition fiscale semble considérer que seul le coût du travail est en cause dans la désindustrialisation de notre pays. Un véritable plan de ré-industrialisation nous fait défaut : les secteurs innovants ne manquent pas, notamment dans le domaine du développement durable et des énergies alternatives. CAP21 est aussi favorable à engager un grand chantier européen d’harmonisation, prenant en considération une modulation de la TVA sur les produits dits durables, ou encore à fort impact écologique. Par ailleurs la CSG qui fait contribuer les revenus du capital et du patrimoine pourrait être augmentée en contre partie d’une baisse des charges sur les salaires que les entreprises pourraient répercuter par une augmentation des salaires.

La précipitation du gouvernement prouve encore un effet de politique à court terme, à visée électoraliste. Rappelons qu’une première réflexion avait été lancée en 2007 sur la TVA sociale et l’idée aussi vite abandonnée.

CAP21 rejoint par ailleurs les demandes formulées par les syndicats pour renforcer les moyens de Pôle Emploi, abonder les mesures en faveur des jeunes et améliorer les dispositifs de formation en cas de chômage partiel.

Eric Delhaye

Président de CAP21

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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 10:46
INSEE-copie-1INSEE Première - mai 2011 :  avoir froid ou dépenser trop pour se chauffer ?
La loi reconnaît la précarité énergétique comme une difficulté à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat. Dans tous les cas, le ménage doit alors faire des arbitrages : se chauffer au risque d’impayés ou ne plus se chauffer et subir les conséquences du froid sur sa santé, son logement, sa vie sociale. Ainsi, 3,8 millions de ménages de France métropolitaine ont un taux d’effort énergétique supérieur à 10 % de leur revenu tandis que 3,5 millions déclarent souffrir du froid dans leur logement. Les ménages modestes sont surtout exposés au froid car ils cumulent des contraintes financières et un habitat peu performant. 621 000 ménages souffrent des deux formes de précarité. (...) Lire la suite

CAP21 Nord Pas-de-Calais s'inquiète fortement des conséquences de l'inévitable renchérissement du coût de l'énergie. Celui-ci risque de terrasser financièrement nombre de foyers en France. Cette fin de l'ère du pétrole "bon marché" (et des autres ressources fossiles) s'ajoute depuis de nombreuses années à des coûts de logement en augmentation constante et donc des remboursements d'emprunts qui vont grever de plus en plus les budgets des foyers. A cela s'ajoute aussi, le coût du transport en voiture pour ceux qui, pour des raisons de prix, se sont installés en péri-urbain et loin de leurs lieux de travail.

L'addition "coût du chauffage + remboursement emprunt/loyer logement + coût du transport domicile - travail" devient le cocktail explosif qui devra faire l'objet de propositions des candidats à la présidentielle 2012. M.E.

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8 avril 2011 5 08 /04 /avril /2011 08:00
LES NOUVELLES 05-04-2011

Les Nouvelles

Le CV anonyme réduit l'impact du genre sur le recrutement des candidat(e)s . C'est le résultat le plus significatif qui ressort d'une évaluation sans précédent. Mais apparaît une autre conséquence tout à fait inattendue : le CV anonyme a un effet négatif sur les candidats de quartiers défavorisés.

En 2006, la loi sur l’égalité des chances a rendu obligatoire le CV anonyme pour les entreprises de plus de 50 salariés. Mais la mesure n'a jamais été appliquée, puisque le décret d’application correspondant n’a pas été publié. (...) Lire la suite

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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 15:02
OBSERVATOIRE DES INEGALITES 08-03-2011
Justice.gifLa journée mondiale de la femme est l'occasion de faire le point sur la situation des inégalités entre hommes et femmes dans notre pays. M.E.

Les inégalités entre les femmes et les hommes se réduisent, mais on est encore loin d’atteindre l’égalité. Le tour de la question en France et en Europe par l’Observatoire des inégalités.

Les inégalités entre les femmes et les hommes en France et en Europe : principaux indicateurs      
    Hommes Femmes
Education      
Part des étudiants à l’université en France en 2009-2010   42,3 % 57,7 %
Santé      
Espérance de vie à la naissance en France en 2010   78,1 ans 84,8 ans
Espérance de vie à la naissance en Europe en 2008   76,4 ans 82,4 ans
Chômage      
Taux de chômage en France en 2010   9,4 % 9,1 %
Taux de chômage en Europe en 2010   9,6 % 9,5 %
Salaires      
Tous temps de travail confondus, en France en 2006, les femmes gagnent     26,7 % de moins
Pour des temps complets, en Europe en 2005, les femmes gagnent     23 % de moins
Emploi      
Taux de temps partiel subi en France en 2009   3 % 8,3 %
Pauvreté      
Taux de pauvreté en France en 2009 (au seuil de 50 % du revenu médian)   6,3 % 7,2 %
Taux de pauvreté en Europe en 2009 (au seuil de 50 % du revenu médian)   9,5 % 10,3 %
Conditions de vie      
Temps journalier consacré au travail domestique en France en 1999   2h01 3h26  
Vie politique      
Part des députés à l’Assemblée nationale française en 2007   81,5 % 18,5 %
Part des députés au Parlement européen en 2009   65,1 % 34,9 %
 

Lire la suite

Voir aussi la page spéciale consacrée aux aspects qualitatifs et quantitatifs des inégalités hommes-femmes

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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 09:09
MARIANNE2 01-03-2011
François Baroin, ministre du Budget dévoilera jeudi les pistes de la réforme de la fiscalité. Une note de Bercy fournie à une vingtaine de parlementaires en inspirera les contours. Révélé par Marianne, ce document en forme de plaidoyer pour la double fin de l’ISF et du bouclier, recèle encore quelques pépites….

931185-1104186

En 2008, les 100 foyers les plus riches déclaraient 3 milliards d’euros, ceux qui les suivent de près sont également bien lotis. Les 100 000 plus importants foyers fiscaux affichaient chacun un demi million d’euros, soit, avec 50 milliards d’euros au compteur presque 6% du total des revenus déclarés, 844,3 milliards d’€. Ils ne représentent pourtant que 0,3% des foyers. 

Au regard de la structure de leurs revenus, ces « très aisés », comme les désigne l’Insee, retirent quant à eux la majorité (54%) de leurs revenus de leur labeur. Ainsi que le montre notre tableau, ils se distinguent cependant du foyer moyen, non seulement par ce qu’ils affichent un revenu 20 fois supérieur, mais surtout par l’importance des revenus commerciaux, 23 % du total.

Cependant comme la plupart des foyers très aisés que décrit la notre de Bercy, ces foyers disposent de portefeuille en bourse très importants. Ils retirent ainsi près de 32% de leurs revenus de la cession d’actions ou d’obligations. Autant de revenu qui échappent à l’impôt progressif, et même à l’impôt tout court, pour peu qu’ils utilisent les bonnes niches fiscales.

Lire aussi l'article de Marianne précédent : les 100 plus gros contribuables se partagent 3 milliards d’euros par an !

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16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 07:51
MARIANNE 15-02-2011
Dans un récent livre, la première secrétaire du PS développe sa vision des causes de la délinquance : l’insécurité serait une conséquence des discriminations et de la ghettoïsation. Un discours angéliste qui va à l’encontre de la pensée d’autres socialistes.

M.Aubry-1.jpgOn croyait ce discours révolu. On croyait que le PS avait définitivement abandonné la « culture de l’excuse » en matière de sécurité., en gros : la délinquance serait expliquée par des causes extérieures principalement socio-économiques. Mais en mars 2002, avant le premier tour de la présidentielle, Lionel Jospin lui-même, avait admis ses erreurs sur le sujet : « Sur la question de l’insécurité, j’ai pêché par naïveté, Je me disais pendant un certain temps que si on fait reculer le chômage, on fera reculer l'insécurité. Or 928 000 personnes ont retrouvé un emploi et cela n'a pas d'effet direct sur l'insécurité ». (...) Lire la suite

NdlR Tout cela ne laisse rien augurer de bon pour la future élection présidentielle de 2012 car le PS semble une nouvelle fois retomber dans les mêmes travers : un petit mélange d'angélisme, d'électoralisme, de manque de responsabilité et d'attitude compassionnelle... Il est pourtant plus que temps que l'alternative républicaine ait une doctrine sérieuse face à l'échec du sarkozysme qui est patent en matière de sécurité dans tous les domaines. M.E.

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 00:00
L'USINE NOUVELLE 21-12-2010
Julien Roitman (président d’Ingénieurs et scientifiques de France) : « Il faut créer un ordre des ingénieurs ! ».  Alors qu’une polémique s’engage sur le titre d’ingénieur, le porte-parole de la profession lance l’idée d’un ordre, à l’instar de celui des médecins ou des avocats.

« Il faut créer un ordre des ingénieurs ! », déclare à « L’Usine Nouvelle » Julien Roitman, président d’Ingénieurs et scientifiques de France. Pourquoi cette idée ? Et pourquoi maintenant ? Depuis quelques jours, une polémique s’engage sur le titre lui-même d’ingénieur. Peut-il être délivré par l’université ? Oui, répond en substance l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES), autorité administrative indépendante créée en 2007. Elle vient de publier un rapport, intitulé sobrement «Formation universitaire au métier d’ingénieur ». Ce texte est une petite bombe dans le microcosme : il préconise notamment de créer un « master en ingénierie », ouvert à toutes les facs ou presque. (...) Lire la suite

Le point de vue CAP21 : Cette proposition n'est en rien choquante. Après tout, il existe des ordres professionnels d'ingénieurs dans différents pays européens voisins ou du monde : Allemagne, Suisse, Grande Bretagne, Italie, Espagne... On peut y voir des inconvénients : risques de conservatisme, de corporatisme, mais il existe aussi des avantages indéniables : encadrement strict du corpus de connaissances et savoir-faire nécessaire pour exercer, existance d'une autorité de discernement et de contrôle déontologique avec pouvoir de sanction, régulation des volumes de diplômés en fonction des possibilités d'absorption du marché du travail et enfin défense de la profession d'ingénieur.

En France, personne ne peut impunément se prévaloir du titre de médecin, de pharmacien, d'expert-comptable ou d'architecte, s'il n'est pas en possession du diplôme agréé. La qualification certifié par l'Etat ou un ordre professionel est une "assurance qualité", une garantie pour beaucoup de parties prenantes ; et ceci est rassurant lorsqu'interviennent des enjeux de sécurité du travail, de sûreté de fonctionnement, de risque sanitaire ou environnemental d'un équipement, d'une installation de production, d'un bâtiment, édifice ou d'un produit. M.E.

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28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 07:00
Jacques Généreux, professeur d'économie,  produit une analyse sous les angles historique, économique, écologique, moral, social et sociétal qui vaut que l'on s'y intéresse M.E.

La-grande-regression.jpg

« Durant les vingt premières années de ma vie, j’ai grandi dans un monde où le destin des enfants semblait naturellement devoir être plus heureux que celui de leurs parents; au cours des trente suivantes, j’ai vu mourir la promesse d’un monde meilleur. En une génération, la quasi-certitude d’un progrès s’est peu à peu effacée devant l’évidence d’une régression sociale, écologique, morale et politique, la « Grande Régression » qu’il est temps de nommer et de se représenter pour pouvoir la combattre. » Ainsi commence le troisième opus de la refondation anthropologique du discours politique et économique initiée par l’auteur dans La Dissociété (2006) et dans Le Socialisme néomoderne (2009). Il ne s’agit donc pas d’un énième livre sur la « crise », mais de la poursuite d’un travail ambitieux qui éclaire notre histoire à la lumière de ce que nous enseignent aujourd’hui les sciences de la nature, de l’homme et de la société.

 Dans la lignée d’un Fourastié (les « Trente Glorieuses ») ou d’un Polanyi (la « Grande Transformation »), l’auteur caractérise, sous le nom de « Grande Régression », un moment charnière de l’histoire moderne, qui s’étend des années 1980 à nos jours. Moment où, à rebours de ce qu’avaient jusqu’alors entrepris toutes les sociétés (primitives, traditionnelles ou modernes), on a commencé d’abolir les limites territoriales, politiques et morales qui contenaient le mobile de l’intérêt personnel et le pouvoir de l’argent. Cette bifurcation de la civilisation commence avec la victoire des néolibéraux qui livrent le monde à la libre compétition des intérêts et au pouvoir exorbitant des gestionnaires de capitaux. Elle se poursuit par un vaste mouvement réactionnaire qui répond au désordre économique, social et moral engendré par le néolibéralisme.
 La mondialisation du « modèle » néolibéral était censée diffuser partout les acquis de la modernité occidentale ; en réalité elle déconstruit ces acquis dans le monde occidental lui-même. La promesse du progrès s’évanouit dans l’autodestruction du système économique et le saccage des écosystèmes ; la cohésion sociale se dissout dans le culte du chacun pour soi, le communautarisme, l’incivilité, la ghettoïsation ; l’État de droit s’efface devant l’État privatisé au service d’intérêts particuliers ; la démocratie recule au profit d’un softfascism mêlant des politiques sécuritaires liberticides, le mépris du suffrage populaire, la manipulation de l’opinion, le gouvernement par la peur, etc.; pour finir, l’obscurantisme, l’addiction aux marchandises ou encore la soumission des travailleurs progressent plus sûrement que l’autonomie des individus.
 L'auteur ne se contente pas d’analyser ces multiples facettes d’une crise de civilisation. Il montre comment elles font système et comment le moment « Grande Régression » s’inscrit dans la dynamique de construction des sociétés humaines depuis les premières cités antiques. Ce moment apparaît comme l’ultime phase d’une modernité qui a exploré successivement toutes les impasses d’un projet d’émancipation fondée sur une conception erronée de l’humanité, de la liberté et de la société. On peut aisément tracer les contours de l’alternative : une société du progrès humain refondée sur une anthropologie plus juste. Après la Grande Régression, pourrait donc advenir une « Nouvelle Renaissance ». La seule question est de savoir si, pour cela, il nous faudra d’abord aller au bout de la régression, jusqu’à l’effondrement, ou si des forces politiques authentiquement progressistes pourront opérer à temps la bifurcation démocratique qui nous sortira de la « dissociété de marché » pour renouer avec le progrès humain.
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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 07:00
MARIANNE2  21-10-2010
Quinze ans après le fameux slogan de campagne de Jacques Chirac sur la « fracture sociale » où en sont les inégalités? Le constat du géographe Christophe Guilluy dénonce l'incapacité de nos dirigeants à palier les inégalités territoriales. Marianne2 publie, en exclusivité, des extraits de son livre à paraitre « Fractures françaises ».

Il y a 15 ans maintenant, Jacques Chirac emportait l’élection présidentielle grâce à une intuition que résumait non pas son indigeste premier slogan « manger des pommes » mais le second, ô combien plus politique, dénonçant la « fracture sociale ». Pour Christophe Guilluy, rien n’a vraiment changé en 15 ans. Au contraire, d’évitement en évitement, les cassures se sont approfondies, diffusées, multipliées, comme un cancer mal soigné se métastase.  Avec « Fractures françaises », son dernier essai, dont on peut lire quelques extraits ci-dessous, le géographe dresse un constat alarmiste sur la situation des couches populaires après 20 ans de mondialisation à marche forcée. Cette fois-ci, ce sera sans cartes, mais avec en appui un sérieux paquet de statistiques. Lire la suite

Christophe-Guilluy.jpgNdlR Christophe Guilluy est géographe consultant, directeur du bureau d’études géographiques et urbaines MAPS. Spécialiste de la dynamique sociale des quartiers et de la politique de la ville, il a fréquemment participé à des études sur ce thème (Politique de la ville et Intercommunalité en Ile-de- France par exemple). Il a participé à la réalisation d’un observatoire du logement social à Nanterre. Il a réalisé pour le compte de la région Ile-de-France une étude sur les mobilités résidentielles induites par les opérations de renouvellement urbain. Par ailleurs, avec C. Noyé, il a mené une étude sur le thème de la gentrification pour le Ministère de l’équipement.
Il est l’auteur d’un Atlas des fractures françaises : les fractures françaises dans la recomposition sociale et territoriale, L’Harmattan, 2000 et de l'Atlas des nouvelles fractures françaises, Autrement, 2006. M.E.

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Partenariats

CAP21 Nord Pas-de-Calais participe aux collectifs  régionaux :

- Sortir du Nucléaire,

- Contre l'exploitation des gaz de couche.

  • A Lille au Collectif "Place aux piétons et pour la mobilité douce"  pour une piétonnisation de la Grand Place de Lille dans un contexte de mobilité incitant à l'utilisation de transports doux (marche, vélo,...).
  • A Lesquin au Collectif "Lesquin Objectif 0,6" dans le cadre d'un combat des habitants pour une meilleure protection vis à vis des ondes électromagnétiques.

 

Lecture recommandée

CAP21 NORD PAS DE CALAIS vous incite à lire ces revues de grande qualité :

Revue-Durable-CH-.gif

 

 

Alternatives Economiques