Une grande figure, un grand combattant de l'écologie régionale nous a quitté cette nuit du 12 au 13 juin 2011. Un de ses derniers combats était, dans le cadre de Nord Ecologie Conseil, d'attaquer la décision d'utiliser des cendres de combustion du charbon issues des centrales électriques pour combler les catiches situées sous le futur Grand Stade de Villeneuve d'Ascq. Emile VIVIER, était Agrégé de l’Université, Docteur es Sciences, Professeur honoraire de Biologie au sein de l'Université des Sciences et Technologies de Lille, Membre fondateur et Président honoraire de la Fédération Nord Nature, Membre du Conseil Economique et Social Régional Nord – Pas de Calais. Fondateur et Président d'honneur de Nord Ecologie Conseil.
Voici ce qui écrivait sur lui La Voix du Nord en octobre 2010 :
« J'ai eu souvent les Renseignements Généraux sur mon dos mais ils ont toujours été gentils... » ...Attention, derrière le vieux monsieur de 87 ans qui « rouspète » contre les prédateurs de l'environnement se cache un redoutable opposant aux détraqueurs de nature. La bête noire des pollueurs-bétonneurs est toujours là, tapie chez elle, à Faches-Thumesnil, entre la canne et l'ordinateur, le regard allumé.
« Rien n'a changé à Auby », dit-il aujourd'hui. « Quant à Metaleurop, j'enrage encore que le délai de deux mois après la décision préfectorale de fermeture ait été dépassé. J'avais tout ce qu'il fallait avec un avocat pour porter plainte et gagner contre les dirigeants. » Il peut sourire, Émile, il en a vu d'autres depuis qu'il pêchait la truite et l'écrevisse dans la campagne de son enfance auvergnate.
Un vieux moulin pour la famille près de Vichy, le grand air de l'enfance dans les années trente, les études à Clermont sous la douce protection des volcans et sa nomination comme prof de biologie à Lille. « Ce fut un vrai choc ! Il n'y avait pas de nature. On cherchait les arbres dans le bassin minier, la Deûle puait à 200 mètres, les façades étaient noircies... » Années soixante, salut les copains !
À quelques jours du Noël 1970, le jeune biologiste universitaire partage l'idée avec cinq amis de fonder Nord Nature. Ils sont tous scientifiques, enfermés dans leurs facs. Un botaniste, un zoologiste, des pharmaciens, un médecin, ils rassemblent 14 associations qui « font » dans la plante, l'oiseau, l'insecte ou le champignon.
Les premiers combats commencent et Émile ne part pas en vacances avec Léonce Déprez, maire aménageur du Touquet. « J'ai compris ce qu'il fallait faire pour gagner », dit-il. File à Paris, achète des livres de droit et fait appliquer « un texte que tous les écologistes devraient apprendre », ce décret de 1977 qui applique la loi sur l'environnement de 1976 et qui rend les études d'impact obligatoires. Émile Vivier milite à présent au sein de Nord Écologie Conseil présidée par Alfred Leclercq. Il a quitté Nord Nature mais n'oublie rien. Une vraie mémoire de vieux lion.
Lire aussi l'article que lui a consacré Nord Eclair ce 13 juin 2011