Il est assez curieux de voir dans le milieu médiatique s'organiser une protestation contre, une fois encore, l'application du principe de précaution. Le reproche de "parapluie grand ouvert" revient sous la plume de certains.
En fait, il est inexact de parler de principe de précaution. Dans cette problématique, il vaudrait mieux parler de prévention. Que dit en effet ce principe de précaution :
Principe de précaution : ''principe selon lequel l'absence de certitude, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l'adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l'environnement à un coût économique acceptable". (article L 110-1 du Code de l'Environnement).
Nous ne sommes manifestement pas dans ce cas puisque le risque (danger évalué en terme de gravité, de probabilité et de détectabilité) est relativement évalué. La probabilité d'occurence (F) est faible, mais la détectabilité (D) est trés difficile et la gravité des conséquences (G) peut être extrême : arrêt réacteurs, crash avion...
Le risque étant le produit G x F x D est ainsi élevé !
Ce que le grand public sous-estime et les journalistes souvent aussi, est la difficulté de mesure en longitude, latitude et altitude de la concentration en poussières volcaniques. Il n'y a pas de réseau de capteurs installés pour cela !
D'autre part le récent incident rencontré le 13 avril dernier par deux avions de combat de l'armée de l'air finlandaise révèle des dégats très élevés sur chacun des deux réacteurs de ces Boeing F-18 Hornet.
Lire l'article et regarder les photos des réacteurs endommagés (en anglais) Ash Jeopardizes Flight Safety in Finnish Airspace
En conclusion, il ne faut donc pas prendre les risques aéronautiques à la légère et l'accident de Smolensk devrait nous ramener à plus de modestie dans la façon d'accepter notre "non toute puissance" face aux aléas climatiques, météorologiques.
Que la sécurité passe avant le chiffre d'affaires devrait nous réjouir, cela n'a pas toujours été le cas !
M.E.