La candidate écolo lève le voile : elle est l’auteur, sous le pseudo Catherine Médicis, d’un pamphlet*, parce que “pour se faire entendre, il faut recourir à des stratagèmes”.
Une vie le nez rempli d’exha laisons automobiles ; c’est à une Parisienne née à Boulogne-Billancourt que l’on doit une loi sur l’air. Jamais appliquée et votée sous les jurons de son camp (« J’en fais encore des cauchemars. »). La pugnace avocate en droit environnemental nous reçoit à son cabinet, situé à deux pas du parc Monceau (8 e ). Cette jeune grand-mère, qui confesse une inclinaison pour la broderie, vit tout près. Elle a peu de souvenirs de son enfance francilienne : « Les balades au bois et mon émerveillement devant un magasin qui vendait des poissons exotiques. » Fille d’un papa mendésiste, étudiante rebelle en 68, fan du jazz du Caveau de la Huchette et du théâtre de Ionesco, elle dit n’avoir « jamais été engagée à droite » .
Ministre de Juppé en 1995, pionnière du combat écolo, Corinne Lepage, 55 ans, se dit aujourd’hui « plus proche du centre-gauche » et malgré un score de 1,88% en 2002, elle tente toujours de justifier sa candidature « réformiste et républicaine ». Elle tutoie depuis longtemps les dirigeants des Verts. Sa critique sur leur labo parisien est peu acerbe : « La pollution, au mieux, n’a pas été réduite, et quand les pics demeurent, les gens ne sont pas encouragés. L’offre de transports n’a pas su compenser le refoulement de l’automobile. » Discours de la méthode : « Il faut savoir que nous, écolos, sommes minoritaires. Je suis pour la démocratie participative, mais franchement la concertation, ils ne connaissent pas. Pour susciter l’adhésion, il faut y aller doucement. » L’auteur de « On ne peut rien faire Madame le ministre » a-t-elle oublié les vertus du volontarisme, ou la contrainte du temps politique ?
« Tout n’a pas été mal fait : les quartiers piétonniers ou le tramway, par exemple. Mais je pense que seul le prix de l’essence fera vraiment changer les comportements. » Est-ce le prix de l’essence qui mettra sa voiture à elle au garage ? « C’est une Smart ! L’une des voitures les moins polluantes du marché : 109 grammes de CO 2 au kilomètre ! Je vais dans dix endroits par jour, c’est autant de dossiers sur les bras : ma voiture, c’est mon bureau annexe. »
(*) « Français, encore un effort pour passer de la monarchie bananière à la République durable » , éditions Michalon, 4 € .
Ses lieux
Intimité: « L’endroit que j’aime : les berges de la Seine, à hauteur de Notre-Dame. Les bouquins… Ce sont des moments qui n’appartiennent qu’à moi. »
Les quais de la Seine.
Éveil: « Même si je ne suis pas toujours d’accord avec leur vision très technicienne, ils permettent aux jeunes de s’interroger sur la science. Après y avoir beaucoup emmené mes enfants, ça va être au tour de mes petits-enfants. »
La Cité des Sciences et de l’Industrie, 30, av. Corentin-Cariou (19 e ) ; 01-40-05-80-00.
Méditerranéenne: « Excellente cuisine gréco-libanaise. Quand on a envie de faire une petite bouffe en famille, on y va. J’adore le 9 e arrondissement. »
Les Diamantaires, 60, rue Lafayette (9 e ) ; 01-47-70-78-14.
Coolos: « C’est un marché sympa, moins chicos que celui du boulevard Raspail. »
Marché Batignolles, terre-plein du boulevard des Batignoles (8 e ) ; samedi matin.
Thomas Renou
Parisobs
